Géométrie contre graffitis

Tout artiste 3D aura à un moment ou un autre l’occasion de découvrir les œuvres de Victor Vasarely, un artiste Hongrois qui est venu en France et y a développé une forme d’art plastique basée sur l’étude de la géométrie « cinétique » et est considéré comme étant le grand-père du mouvement « op art ». Il a pu ainsi produire beaucoup d’œuvres aussi parfaites que si elles avaient été faites sur ordinateurs, mais des décennies avant les premières machines capables de cela. De la 3D – avant la 3D.

Même en 2019, son œuvre interpelle toujours l’œil. Nous avons eu l’occasion, cette semaine, de visiter la fondation qu’il a créé et qui est aujourd’hui visitable à Aix-en-Provence, et pouvoir ainsi découvrir ses œuvres et en percer les mystères.

Mais nous y avons aussi vu les traces laissées par d’autres personnes. Des traces de doigts, des graffitis, des initiales gravées dans les œuvres elles-même. Pourquoi ?

Ce n’est pas sans évoquer la statue de marbre blanc d’Henri IV, laissée à l’entrée du château de Pau à son nom – et finalement réintégrée dedans, dans un escalier sombre, car les visiteurs se pendaient à son bras qui a fini par casser. Cela évoque cette personne qui a gravé ses initiales dans les murs triple fois millénaires de Saqqarah. Cela évoque enfin cette mère de famille qui voulu prendre une photo de sa fillette, plaçée dans une pirogue antique clairement protégée contre les manipulations. Là aussi, pourquoi ? Pourquoi se sentent-ils le droit d’abîmer ce qui leur est montré ?

Il ne s’agit même plus d’éducation à ce stade, mais de bon sens. L’être humain doit-il abîmer le parfait ou le beau ? Est-ce que la pierre millénaire, mise à disposition, donne un sens d’autorisation à la dégradation, allant à l’encontre du plus évident des bons sens ?

Au pied des pièces abîmées de Vasarely, de petits panneaux expliquaient ce genre de fait, et les conséquences : Recherche de fonds pour restaurer l’œuvre, et sa probable disparition de l’exposition le temps d’être réparée. Tout le monde y perd.

Dès lors, quelles solutions ? Interdire la vision des œuvres et la visite des lieux ? Les protéger sous une épaisse plaque de plexiglas, telle la Joconde au Louvre ? Ne montrer au public que des copies, réservant l’accès des originaux à une poignée d’initiés ?

A Novo3d, puisque nous travaillons sur la problématique du musée virtuel depuis 2014, une réponse est évidente : Créer des musées virtuels où l’on peut tout manipuler sans limites de poids ou de taille, et où l’objet ne peut pas être détérioré. Mais proposer une visite entièrement virtuelle pour protéger les œuvres, cela va à l’encontre de notre éthique, qui est de ne jamais supplanter le réel par le virtuel – sinon, quel intérêt ?

La solution n’est-elle donc pas dans l’éducation, où il est de la responsabilité de chacun d’enseigner à ses enfants notre devoir de mémoire et de préservation, du respect de l’œuvre. Peut-être les musées peuvent-ils ouvertement en parler dans des ateliers à cet effet ? Peut-être les professeurs d’histoire ou d’art plastique peuvent-ils faire un petit détour dans leurs programmes (déjà très chargés), pour attirer l’attention de leurs élèves sur la fragilité de ce que l’on croit éternel.

De notre côté, dans nos réalisations nous veillerons désormais à inclure cette petite touche de pédagogie, sans lourdeur. Afin que ce que des gens ont créé trente ou mille ans avant nous ne soit plus jamais dégradé par des personnes mal éduquées d’aujourd’hui, et que les œuvres d’artistes comme celles de Vasarely n’aient plus à être cachées pour panser leurs plaies.

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